Matt Power: interview d’un photographe au fil de l’eau
Chaque photo de mer de Matt Power nous laisse rêveurs tant elle transpire la chaleur tropicale et porte toute l’ambiance d’une vie au rythme des entrées de houle. Finaliste du Prix Energy by Red Bull Photography 2021, Matt nous raconte sa vision du métier, son attachement aux eaux turquoise indonésiennes et nous partage quelques conseils au passage.
Tu vis sur un terrain de jeu évocateur, pourquoi avoir choisi l’Asie du Sud Est ?
Je vis actuellement en Indonésie et plus précisément à Bali, où je suis basé à plein temps. J'ai été attiré par l'Asie du Sud-Est il y a des années à la fin de mon adolescence. J'ai toujours nourri une vive curiosité pour les cultures inconnues et les paysages inédits, c’est ce qui a initialement animé mon désir de venir ici. Au cours des 5 dernières années, j'ai voyagé à travers l'Asie du Sud-Est avec mon appareil photo à la main, en me concentrant sur le surf et l'aventure. Il y a tellement de vagues incroyables dans ce coin du monde et j'ai l'impression que toute une vie peut être passée à les explorer. Juste avant que la pandémie ne frappe, j'ai atterri en Indonésie où j’avais prévu de rester environ 6 mois. Puis, le monde a commencé à fermer ses frontières, j'ai alors décidé de m'établir à Bali. À mon avis, cette décision m’a donné une base dont j'avais vraiment besoin après des années passées sur la route. Être basé à Bali est formidable car il est très facile de voyager à travers l'Indonésie à partir d'ici et également d’accéder à différentes parties de l'Asie.
Tu es l’un des finalistes du Prix Energy by Red Bull Photography 2021. Que représente cette opportunité pour toi ?
Avoir été finaliste du concours Red Bull a été un véritable honneur. Je suis le concours depuis des années et j'ai toujours admiré les photographes lauréats comme Chris Burkard et Ben Thouard. Être reconnu sur la même plateforme continue de m'épater. C'est certainement l'un des moments forts de ma carrière jusqu'à présent. C'était incroyable de suivre le déroulement du concours au travers des phases d’évaluation et maintenant de voir mon image en tournée avec l'exposition, c’est dingue ! Mon objectif principal en tant que photographe est que les gens voient mon travail sur des grands formats. Le concours m'a vraiment encouragé à continuer d'améliorer ma photographie et j'espère que j'aurai une autre chance à l'avenir.
Tu as dit quelque part que tu as mis longtemps à capturer cette photo underwater. Quels sont les ingrédients d’une photo parfaite ?
J'ai l'impression que mes meilleurs clichés proviennent d'un mélange de la manifestation d’un souhait profond et d'un concept imaginé, accompagné d’une tranche de magie et d’un facteur chance avec les éléments naturels. Cela faisait un moment que j'avais en tête une vision particulièrement pour cette photo de mer, avec la lumière dorée et la silhouette forte comme sujet principal. Pour qu'un cliché parfait comme celui-ci se produise, il faut être patient avec les éléments (prévisions de surf, lumière, etc.) et garder un œil sur les conditions, qu’elles s’alignent en un moment parfait. J’ai fait pas mal de tentatives sur image de mer, et donc la persévérance est également essentielle. En somme, je crois qu'il s'agit d'avoir la détermination et la persévérance nécessaires pour transformer un concept impossible de prime abord en réalité.
Puisque nous sommes sur le sujet, parlons de technique. Tu pratiques la photo digitale et la photo argentique, comment les différencies-tu ?
Tout mon travail principal est numérique. J'ai appris la photographie avec un appareil photo argentique, ce qui, je pense, vous aide vraiment à comprendre les principes fondamentaux de la photographie et à savoir comment utiliser un appareil photo pour capturer l’image que vous avez en tête. Cependant, je suis passé à un appareil photo numérique pour tous les avantages qu’il apporte, en particulier dans le surf pour une mise au point extrêmement rapide et ne pas être limité à un certain nombre d'images. Je photographie parfois à l’argentique sur la terre ferme, car cela me permet de ralentir et de revenir à l'essence brute de la création d'une bonne image.
Tu touches aussi à la vidéo. De la photographie à la vidéo, est-ce qu’il y a une suite logique pour toi ?
J'ai une légère relation d’amour-haine avec la réalisation de films. Je me vois avant tout comme un photographe, plutôt qu'un vidéaste. J'ai commencé à faire quelques courts-métrages à la demande de mes clients, et cela a été amusant et stimulant de suivre cette voie. À mon avis, les deux sont très différents. Ce n’est pas nécessairement une progression logique. Je continuerai toujours à donner la priorité à la photographie, mais j'aime toujours avoir quelques petits projets vidéo et des idées sur lesquelles je m’amuse à côté.
Peux-tu nous en dire un peu plus sur tes futurs projets ?
Je suis actuellement content d'être basé à Bali et je n'ai pas l'intention de changer quoi que ce soit pour le moment. J'aimerais continuer à explorer différentes vagues en Indonésie et de m'aventurer davantage en Asie du Sud-est maintenant que les voyages sont à nouveau plus faciles. Ce qui est sûr, c’est qu’un livre photo est en préparation dans les prochaines années et je cherche toujours à organiser des expositions ou à expérimenter avec de nouveaux travaux d'impression.
Que conseilles-tu à ceux qui souhaitent commencer la photo de surf ?
Mon premier conseil est de commencer avec un équipement de base, car vous n'avez vraiment pas besoin du dernier appareil photo ou boîtier pour vous lancer dans la photographie de surf. Ensuite, commencez par vous familiariser avec votre spot de surf local, en vous renseignant sur les conditions et apprenez à rester en sécurité à l'eau. Rapprochez-vous des surfeurs locaux et apprenez où vous positionner de façon à obtenir la photo que vous recherchez. Il faut aussi toujours connaître ses limites, si vous pensez que les conditions à l'eau sont trop difficiles, cela ne vaut pas le risque d’y aller pour une simple photo de mer.