La photo d’art surexposée renverse les codes de la prise de vue

“L’image est brûlée”, vous avez peut-être entendu ou utilisé cette expression lors d’une discussion autour de la photographie artistique. En effet, trop de lumière réduit la clarté des détails. Pourtant sur Instagram et dans les campagnes commerciales, on retrouve partout la photo surexposée et son implicite ambiance de légèreté. Un cliché saturé de luminosité, dégage une esthétique rêveuse, comme une photo de plage l’été. Dans cet article, nous passons les codes en revue.

Comprendre la surexposition dans la photographie d’art

Si le style de la photographie d’art surexposée a vu le jour par le biais d’heureux accidents, aujourd’hui, ce style suit des codes définis. On peut les remarquer dans le travail de Carly Tabak, photographe paysagiste en Californie dont la collection Tropical Delight rappelle le sable entre les orteils, la dolce vita à la californienne, de quoi faire rayonner un air d’été toute l’année.

Le style High Key

La surexposition comme parti-pris artistique a un nom : le style high key. Techniquement, la démarche consiste à réduire les zones d’ombre ou à les éliminer. Ce style solaire à l’esthétique chaleureuse est devenu synonyme de détente et d’ambiance éthérée, à la limite de la photo abstraite. Le floutage qui les caractérise vise à donner toute la lumière au sujet principal.  

Qui dit surexposition, dit luminosité. Les photographes qui font du style de photo surexposée leur signature investissent dans du matériel robuste pour apporter plusieurs sources de lumière complémentaires. L’attirail du photographe high key comprend des spots stroboscopiques, une ou plusieurs softbox qui vont l’aider à réduire les zones d’ombres moyennes et profondes. Enfin, un fond blanc immaculé fera rebondir la lumière vers le sujet et s’occupera lui aussi de réduire les zones de contraste. 

Quels réglages pour une photo artistique surexposée ?

Dans la pratique de la photographie argentique, la surexposition relève d’une fine maîtrise des réglages de son appareil. Dans la photographie numérique, ce trop-plein de luminosité est plus facile à obtenir de manière intentionnelle et à traiter par la suite afin d’arriver à l’effet recherché.

En bref : une photo surexposée affichera un niveau supérieur à 0 sur le posemètre.  Pour arriver à cet effet, on emploie une combinaison de réglages, les voici ci-dessous :

La vitesse d’obturation détermine le temps d’exposition de l’image et donc de la quantité de lumière dans le boîtier. Un temps d’ouverture plus long laisse passer davantage de lumière au moment de la prise de vue. Il permet notamment d’obtenir une photo artistique d’une skyline la nuit en relevant les traces de lumières laissées par les véhicules. 

Le diamètre d’ouverture de l’objectif devra être réglé en fonction de la vitesse d’obturation. Plus il sera grand, plus l’exposition sera importante. En somme, une photographie d’art volontairement surexposée privilégie une vitesse d’obturation plus lente et un diamètre d’ouverture plus grand que ceux d’une image classique.

L’ISO contrôle la sensibilité de l’appareil et de ses capteurs à la lumière. Un ISO plus faible, par exemple de 200, sera plus sensible à la luminosité, parfait pour une photo de plage ensoleillée. En revanche, un ISO élevé, disons de 800, sera capable de mieux traiter une photo artistique de paysage prise de nuit.

Le WB, ou balance des blancs, permet de régler plus finement la sensibilité aux couleurs. Certains appareils numériques proposent de compenser l’exposition plus élevée d’un diamètre d’ouverture de l’objectif plus important.

Attention à la qualité de traitement inférieure des photos numériques surexposées. Face à l’excédent de luminosité, un appareil photo numérique classique ne peut traiter toutes les informations de manière fine. Plus floue, la photo abstraite sera remplie de plages de couleurs claires et perdra en netteté.

La plupart des appareils numériques actuels proposent des réglages automatiques dédiés aux divers sujets pour éviter le problème de surexposition. Toute photo d’art surexposée devra s’affranchir des réglages automatiques. Comme vous le remarquerez sur certaines œuvres proposées sur X-Plorar, la surexposition n’est pas un accident, mais une intention artistique.

Envie de vous lancer dans le style high key ?

• Pour mieux comprendre ses mécaniques, vous pouvez vous exercer à maximiser les sources de lumières dans une pièce vide.
• Privilégiez une luminosité à 360° du sujet afin de réduire au maximum les contrastes.
• Dans le doute, rappelez-vous qu’il y a rarement trop de lumière dans une photo de style high key dont on maîtrise la netteté.
• En extérieur, la photo de paysage à forte luminosité propose un exercice captivant et changeant d’un jour à l’autre. Pensez à la photo de plage, aux étendues de sable, aux dunes ou encore à la campagne enneigée.
• En ville, un bâtiment aux grands murs clairs peut se prêter à vos essais.
• Préférez les journées de temps clair et les moments de la journée à forte luminosité.

Pour finir, il est indéniable qu’un bon nombre de photos artistiques en surexposition sont le produit d’un traitement par logiciel. Testez différents degrés d’exposition et voyez comment vous pouvez apporter plus de définition ou rééquilibrer les couleurs ultérieurement. Autrement dit, une photo abstraite par surexposition ne relève pas toujours d’un heureux accident, mais d’une étude assidue du sujet !