Les ravages de la peche industrielle sur les ecosystemes
Une photographie surréaliste qui fait les gros titres
De loin, on voit une photo de la mer comme une autre, un effet d’écume, mais de près c’est un tout autre phénomène bien loin du naturel. Début février, l’association Sea Shepherd publie une photographie surréaliste du rejet en mer de dizaines de milliers de poissons par le navire Margiris dans le golfe de Gascogne. Ce bateau appartient à tout une flotte d’énormes navires qui pêchent en masse les poissons dans les eaux où leurs pratiques sont permises. Avec des filets de 600 mètres, ils peuvent capturer un volume équivalent à celui de 5 petits chalutiers sur un an d’activité. En guise de défense, l'armateur avance notamment une trop grosse prise qui a déchiré les filets, sans blague.
La pêche industrielle, une destruction en profondeur
La pêche industrielle est un véritable fléau pour l'océan et les espèces vivantes. La photo de la mer diffusée par Sea Shepherd ne représente que la partie visible de l’iceberg. Explications. Le chalutage de fond, les dispositifs de concentration de poissons (DCP), la pêche électrique, multiples formes de pêche industrielle tuent toutes sortes d'espèces marines et contribuent même à l’extinction de certains oiseaux. L’effet direct se traduit par une hausse de la mortalité des espèces protégées et un sex-ratio biaisé chez certaines espèces qui peinent alors à se reproduire. La pêche industrielle détériore aussi le plancher océanique, notamment la pratique du chalutage de fond, qui cause l'érosion des couches supérieures du sol marin entraînant ainsi la mort des organismes qui y évoluent.
Pendant ce temps, les pêcheries industrielles se jouent de législations. Sea Shepherd a pu traquer deux navires anglais qui ont contourné les règles pour arriver à leurs fins. Le chalutage en pair pratiqué par ces navires est interdit dans leur pays car jugé trop destructeur, mais est autorisé au large des côtes françaises où ils naviguaient en février 2022. Tant que le respect de nos océans ne figurera pas dans les priorités des politiques, ce genre de situation risque de se reproduire, au profit des intérêts commerciaux des géants de la pêche industrielle.
Faut-il arrêter de manger du poisson pour lutter contre la pêche industrielle ?
La réponse simpliste voudrait que nous arrêtions sur le champ de consommer du poisson. La surpêche et la surexploitation des stocks de poisson les ont rendus incapables de se maintenir en bonne santé. De toute évidence, nous devons drastiquement réduire notre consommation de produits de la mer et il est possible de manger du poisson de manière plus avertie. Enfin, il s’agit aussi d’avoir un peu de discernement face aux labels apposés aux produits de la mer. Sea Shepherd et Bloom ont dénoncé le laxisme de la certification MSC face aux géants de la pêche industrielle. Rappelons que le choix du végétarisme n’est pas une réalité pour tous. Plus de trois milliards de personnes dépendent du poisson pour leur apport en protéines. Beaucoup de personnes dans le monde ne peuvent entretenir un régime alimentaire exclusivement à base de plantes pour des raisons financières ou culturelles.Soutenir ceux qui se battent pour le respect de nos océans
En tant que citoyens, nous pouvons signer des pétitions ou encore faire un don si le cœur nous en dit, et si notre budget nous le permet. Nous citerons quelques associations comme Sea Shepherd et ses opérations coups de poing qui animent le débat public, la célèbre Greenpeace ou Bloom qui lutte actuellement contre la pêche électrique, dont elle a obtenu l’interdiction en Union Européenne en 2016.
Pour conclure, on ne peut fournir une solution tout en un aux problématiques causées par la pêche industrielle, car la simplification du problème n’aidera pas à le résoudre. D’ailleurs, c’est pour cette raison que le documentaire Seaspiracy, sorti en mars 2021, a été épinglé par des spécialistes et membres d’ONG environnementales qui ont relevé de vastes inexactitudes. Tournons-nous plutôt vers une somme de réponses, certaines desquelles sont directement à notre portée pour nous mettre dans une logique d’amélioration continue pour recadrer cette photo de la mer devenue trop bancale.